Biographie

Andrzej Malinowski Sa vie en cinq clivages, par Jola Zielińska

(Juin 2008).

 

Extraits :

Andrzej Malinowski est né à Varsovie en Pologne.

Issu d’une famille modeste, il a vécu son enfance dans un climat d’après-guerre teinté par un gris foncé et par les drapeaux rouges.

Se sentant comme dans un tunnel oppressant, il lui fallait une lueur, tout au bout. Cette lumière au bout du tunnel s’est révélée être le «beau idéal». Il s’est mis à la poursuite éperdue de cette lueur.

Il a lu tout ce qui pouvait lui tomber sous la main. Il a piégé au fond de son cœur les rares bribes d’une belle musique passant à la radio. Ayant la chance d’avoir accès aux instruments de musique grâce à un grand-père luthier, il a gratté les cordes des instruments en bois. Mais surtout et avant tout, face au monde merveilleux des images, il a dévoré à la manière d’une pompe aspirante tout ce qui lui passait sous les yeux : les tableaux des églises du quartier (influence maternelle), les images de propagande communiste côté paternel, des rares souvenirs de musées…

Tout cela a été un enchantement permanent sans aucun filtrage extérieur ni ordre de valeur.

A chaque découverte, un monde nouveau s’ouvrait à lui.

L’enfant envoûté s’est dit naturellement qu’il pourrait être un «envoûteur» et s’est essayé à quelques dessins et aquarelles. Ceux-ci, à sa grande surprise, ont séduit son entourage. Il s’est mis, alors, à perfectionner son savoir naissant. Et c’est ainsi que la vie lui a fait miroiter la carrière artistique. Petit à petit, en grandissant, ses choix et ses terrains de chasse se sont affirmés. Il s’est mis à lire les grands classiques et il a découvert les grands noms de la peinture mondiale à travers les reproductions dans les livres d’art. C’est ainsi qu’il a vu Vermeer, Rembrandt, même si les reproductions ne correspondaient pas à la réalité et même si par la suite il a découvert d’autres créations, il n’a jamais quitté les amours de son enfance.

Sans savoir très bien qui il était et ce qu’il pouvait faire de sa vie, au moment venu, il a réussi néanmoins son examen d’entrée à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie. Il y a passé six ans dans un contexte artistique où «sans Marcel Duchamp, point de salut» - la conceptualisation d’art était en marche.

Pour quelqu’un qui voulait peindre comme Vermeer ou Rembrandt, l’entreprise a été ubuesque.

En collaborant en bon élève, il a réussi son diplôme de maîtrise de l’Académie de Beaux-Arts à Varsovie en 1973. Cette période a été heureuse et a eu l’avantage de ne pas traumatiser ni transformer en profondeur l’âme du jeune diplômé.

Cependant, il s’est trouvé face à deux sentiments opposés : celui d’être revenu sur le point de départ et celui de vouloir partir loin. L’image fantasmée de Paris, comme l’Arcadie des Arts et des Lettres, a provoqué le départ vers la France.

Les valises pleines d’espoir, d’ambitions et de rêveries, il fallait faire face aux réalités de sa nouvelle vie, tout en la gagnant le plus vite possible, d’autant plus qu’au passage, un bébé était mis en route. Comment faire pour gagner sa vie dans un pays étranger sans connaître la langue et sans aucune relation ?

Le créneau du dogme duchampien étant toujours écarté, après avoir testé quelques options de survie, il a opté pour l’illustration, le domaine où la peinture figurative «bien faite» et narrative n’était pas bannie. Le 1 er prix de l’Affiche de cinéma gagné au Festival de Deauville (1977) a confirmé son choix.

Durant la période 1974 – 1977, il a réussi à imposer son nom dans les domaines de l’illustration publicitaire et de l’affiche de cinéma. Il a illustré, illustré, et illustré en associant son nom aux signatures prestigieuses de la publicité et du cinéma, de l’audiovisuel, de l’édition et de la presse. Il a obtenu de nombreux prix, des récompenses, des honneurs et a assuré la présidence de jurys.

En 1982, il obtient la nationalité française.

Hélas ou heureusement, l’emprise grandissante du pouvoir collectif de directeurs commerciaux «nouvelle génération» sur la communication audiovisuelle a réduit en peau de chagrin les espaces d’originalité et de sensibilité artistiques. L’arrivée d’une nouvelle technologie d’imagerie numérique a également rendu caduque la notion de personnalité artistique dans ce domaine, tout au moins à ses débuts.

Dans ce contexte, Andrzej Malinowski se trouvant devant le dilemme «d’être» ou «d’avoir», il a fait le choix de quitter le giron bien gras mais étouffant du show business et de devenir à 45 ans, un «jeune» artiste peintre.

Il a quitté Paris pour les vallées verdoyantes du Val d’Oise, un des plus beaux coins de l’Ile de France, où les forêts environnantes, les vues imprenables et les relations humaines de qualité ont donné un nouvel élan à sa vie et à son travail.

Il a repris ses valises, les a ouvertes et a trouvé au fond, bien froissés et asséchés, des vestiges d’espoir, d’ambitions et de rêveries, auxquels il a ajouté ce qui lui restait de l’aventure «illustration» : LE SAVOIR PEINDRE ET COMMUNIQUER ÀTRAVERS LES IMAGES. En artiste peintre indépendant, il s’est mis à chercher les thèmes de sa peinture et tout naturellement, il a opté pour ce qui portait à ses yeux le rêve et la promesse du bonheur ressenti et partagé : la Femme «à rêver devant» et le Paysage «à s’y promener dedans».

Le fait que ces thèmes ont déjà été explorés d’une manière universelle et depuis toujours, a renforcé ce choix.

C’était la preuve que ces «sources à rêve» sont aimées et inépuisables.

Certes, pour faire «grand et fort», il aurait pu à grand coup de barbouille traiter le thème de la souffrance, LE BONHEUR ÉTANT MOINS PHOTOGÉNIQUE QUE LA DOULEUR. Pudiquement il a choisi de ne pas montrer ses tripes aux autres, mais plutôt de déployer les plumes bleues de son dos.

Le succès a été quasiment immédiat, ses tableaux ont trouvé des marchands séduits et des collectionneurs enflammés.

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Jolanta Zielińska